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Des différences en terme de pratiques de soins au Vietnam




Il est certain que nous emmenons dans nos bagages au Vietnam mille et une représentations qui sont devenues au fil du temps et de notre formation, des certitudes. Au cours de notre formation en soins infirmiers, l’apprentissage protocolaire des soins nous amène à des pratiques précises, parfois peu remises en question. Sans même le vouloir, nos représentations sont influencées par un contexte social, culturel, politique et économique. Il peut être difficile de s’en extraire lorsque l’on se retrouve confronté à de nouvelles représentations de la santé, de la maladie, et du soin. Lors de cette confrontation qui s’impose à nous au cours de ce stage au Vietnam, loin de nos croyances que l’on pensait légitimes, un choc s’opère : c’est le choc culturel, et le choc des pratiques. Deux réactions s’offrent alors à nous : on peut mettre à distance l’altérité en se refermant dans un mouvement de renforcement de nos propres certitudes. On peut aussi tenter l’expérience de l’ouverture, dans un mouvement de remise en question intense. C’est cette seconde initiative que nous proposons d’explorer.

Cette perspective nous invite en effet à prendre du recul avec une dichotomie bien/mal trop réductrice. Il s’agit ici d’autoriser le doute à s’insinuer en nous, à la manière cartésienne : les considérations les plus fondamentales sont repensées.


Qu’est-ce que la santé ? Qu’est-ce que la maladie ? Qu’est-ce que le soin ? L’éthique ? Le respect ? La relation soignant-soigné ?

Les questions les plus simples font les débats les plus infinis…


Ce processus d’analyse qui nous est si cher nous amène inévitablement à questionner non seulement la pratique de soin (celle de l’autre et la nôtre), mais encore et surtout, celle de l’identité professionnelle. Quel est le soignant que je souhaite incarner aujourd’hui et dans le futur ? Cette construction identitaire professionnelle se nourrit richement de la confrontation avec de nouveaux modèles et contre-modèles, qui viennent affiner l’unicité du soignant en devenir.

La construction identitaire professionnelle vient s’entremêler avec le questionnement existentiel autour de l’identité personnelle. A l’autre bout de notre monde, un bouleversement s’opère…

Les différences relatées ci-dessous ne peuvent faire office de généralités absolues. Elles sont issues de l’observation dans un seul hôpital, l’hôpital Français d’Hanoi, sur 6 semaines de stage et ne peuvent avoir la vocation d’être tout à fait objectives ni exhaustives…


Ces observations n’ont pas non plus pour objectif le jugement manichéen ou l’offuscation. Nous espérons cependant qu’elles pourront représenter une aide et une approche modeste pour tous les soignants et futurs soignants expatriés pour un temps au Vietnam.



CONSIDERATION DES SOINS


  • Au Vietnam, tous les soins sont payants ! Vous le savez déjà probablement, mais une fois confronté à cette réalité, la conception même du soin est immédiatement profondément modifiée ! En effet, les patients deviennent aussi des clients. Chaque soin, chaque examen est pensé et repensé plusieurs fois pour savoir s’il est vraiment utile, s’il ne sera pas trop cher pour le patient, et surtout avant de réaliser l’examen, même urgent, il faut s’assurer que le patient a les moyens de payer. Tous les soins que nous réalisons nous obligent sans cesse à nous référencer au gros classeur de « Price List ». Les prix sont différents selon les hôpitaux, mais pour vous donner une idée, dans notre hôpital privé, donc l’un des plus chers, il faut le rappeler, un pansement simple coûte environ 120€ (soit 100€ la consultation infirmière et 20€ le pansement simple en lui-même). Ce coût implique déjà l’utilisation du matériel le plus basique possible pour réduire au minimum l’impact financier, mais aussi l’autonomisation au possible du patient face à la réfection de son pansement simple. Le prix d’une intervention chirurgicale peut aller de 70 à 5000€. Sans oublier que la chambre d’hospitalisation ainsi que les médicaments, etc, sont payants aussi. D’où le fait que les assurances en France pour les départs au Vietnam favorisent amplement le rapatriement.


  • Au Vietnam, il n’y a pas d’aide-soignant. La famille qui a une place centrale dans la société vietnamienne est aussi considérée comme soignante à part entière. Elle est donc très impliquées et inclues dans le processus de soin. Il n’y a que lors de la réalisation de soins invasifs qu’il lui est demandé de s’écarter. C’est la famille qui prend en charge les soins d’hygiène, de confort, et d’alimentation. Souvent, la famille emmène les plats préparés à la maison. Les infirmiers n’interviennent donc pas dans les soins d’hygiène, de confort et d’alimentation.


  • Il n’y a pas de brancardiers. Préparez vos bras, ce sont les infirmiers, soit à deux, soit seul qui poussent les lits, fauteuils, brancards.


  • Si l’observation et l’examen clinique existent au Vietnam (la démarche clinique fait partie de leur formation), tous les soignants au Vietnam font bien plus confiance aux examens d’imagerie et de biologie qu’à l’examen clinique. Nous avons observé des médecins certains de leur diagnostic posé grâce à la clinique être forcé de prescrire un examen complémentaire (payant pour le patient) pour confirmer ce diagnostic.


  • Lors de la réalisation des soins d’injection ou de prise de sang, si le soin en lui-même doit être rapide et efficace, l’injection du produit doit se faire plus lentement qu’en France. Cela est vrai dans les représentations culturels de bien des pays d’Asie, un soignant injectant lentement est un bon soignant. Bien que le soin soit légèrement plus douloureux ainsi, selon le produit et la peur de l’aiguille…


  • La reassurance n'est pas au coeur des soins au Vietnam


AUX URGENCES :





  • L’échelle de la douleur n’est pas utilisée dans le service des urgences. On demande simplement s’il y a douleur ou non et à quel endroit, éventuellement quelle forme prend cette douleur. Il existe bel et bien une échelle « pain rate » de 0 à 10, que l’on peut transmettre sur le logiciel, mais celle-ci n’est jamais utilisée, car selon les soignants, l’attribution d’un chiffre pour qualifier la douleur entraîne trop de subjectivité, et les infirmiers sont persuadés que les patients évalueraient leur douleur de manière trop exagérée afin qu’on leur administre en urgence un antalgique peut-être inapproprié.


  • Le bilan sanguin : se réalise souvent à partir de la perfusion posée, mais sinon, dans cet hôpital des aiguilles type épicrâniennes sont aussi disponibles, même en version pédiatrique, mais on ne connecte pas de corps de pompe dessus. On y connecte une seringue de 10mL et on prélève. Ensuite, on remplit les tubes prescrits manuellement en ouvrant le bouchon de chaque tube… Cela nous a fait beaucoup nous questionner sur l’entrée d’air dans les tubes, particulièrement pour les flacons d’hémocultures que l’on remplit à partir de la même seringue en connectant une aiguille.


  • Les soignants ne réalisent pas de calculs de doses pour les perfusions, ils n’ont pas de dialaflow, mais une machine régulatrice qui calcule elle-même. Seul le calcul est réalisé pour les PSE.


  • Du côté des patients, selon les soignants au Vietnam, les Vietnamiens n’ayant pas suivi une formation médicale ou paramédicale ont une connaissance très restreinte des maladies, du fonctionnement des bactéries et des virus. Ils peuvent donc facilement venir aux urgences car leur enfant a le nez qui coule (« runny nose »)

EN MEDECINE GENERALE (GENERAL WARD) :




  • L’injection de Lovenox, anticoagulant prophilactique ou curatif : les soignants au Vietnam pince bel et bien la peau pour une injection en sous-cutanée, mais l’orientation de l’aiguille est à l’horizontale pour atteindre la couche superficielle de la peau au lieu d’une orientation verticale en France.


  • Au niveau des pansements, la Bétadine est utilisée : Bétadine + NaCl puis bétadine tout court à 3 reprises. Souvent ils mettent Bactigras et des compresses avant de refermer. Pour les mèches : ce sont des compresses avec de la betadine bien essorées avec les pinces sont insérées dans la plaie (pas de pansements à pressions négatives ici ou de mêches d’Algosteril ou d’Aquacel)



LABORATOIRE :





  • La désinfection du fauteuil sur lequel le patient s’installe se réalise uniquement à la fin de la journée de travail.


  • Les préleveurs sont des techniciens de laboratoire. Ils ont suivi une formation de trois années. Dans cet hôpital ils sont deux jeunes hommes, et réalisent environ 100 prélèvement sanguins dans la journée.


  • Le préleveur ne s’assoit pas, il reste debout, penché vers le patient. L’ergonomie n’est pas une priorité au Vietnam, en revanche la rapidité prime.


  • Les corps de pompes ne sont pas les mêmes, ce sont des corps de pompe qui se vissent. Attention lorsqu’on est pas habitués, le corps de pompe mal vissé peut se retirer lors de l’insertion du premier tube de prélèvement. Il n’y a pas de tube de purge au Vietnam. Les corps de pompe sont réutilisables ! On les utilise sur les patients jusqu’à ce qu’une trace de sang soit visible sur le matériel, on le place alors dans une solution désinfectante pendant 5 minutes puis on les laisse sécher à l’air libre pour les réutiliser.




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